Vin rosé : 3 styles pour 3 méthodes de fabrication ?
Vinification rosé, quelles sont les méthodes de vinification pour le vin rosé ? Bien que ce soit un produit très saisonnier, le vin rosé garde quelques secrets qui devraient te plaire. ?
Origines, techniques de vinification uniques et Provence. Voilà ce dont on va parler aujourd’hui afin de t’armer pour les discussions de terrasse pour cet été. ☀️
Mais avant ça, faisons un point sur l’histoire du vin rosé et sa situation économique.
? L’histoire du vin rosé
Comme souvent en histoire, on ne peut pas réellement donner une date précise d’apparition. Le rosé ne déroge pas à la règle mais on a quand même quelques idées à ce sujet.
En effet, bien qu’il n’existe aucune définition claire et unanime de ce qu’est un vin rosé, il semblerait que les premiers vins à mi-chemin entre les vins blancs originels (premier style de vin produit) et les premiers vins rouges produits quelques siècles plus tard, seraient originaires de la région parisienne ! Tiens, pour une fois qu’ils inventent quelque chose eux. ?
N’en déplaise aux provençaux, mais les premières traces de “vin clair”, première dénomination des vins rosés, que l’on retrouve en France seraient autour d’un vin servi à la table du Roi Soleil (Louis XIV) provenant du vignoble d’Argenteuil en Ile-de-France autour donc du XVIe siècle !
Une autre hypothèse avance que les premiers vins produits étaient ces fameux “vins clairs” car n’ayant aucune macération, ils ne pouvaient être rouges ! Donc s’il y avait des raisins un tant soit peu colorés (de préférence rouge), les vins produits pouvaient avoir une couleur entre un blanc / orange et un rosé clair.
Outre la question de l’origine, ce qui nous intéresse surtout c’est de savoir “comment” !
Comment en est-on arrivé là ? Il s’agit probablement d’un mélange entre recherche de nouvelles techniques, ajout de miel et d’aromates au vin pour les voyages, le tout saupoudré d’un peu de chance, et paf ! Ça fait du rosé. ?
A partir du milieu du XXe siècle, le vin rosé prend une place importante dans la consommation française. Pour preuve : lorsque les premières AOC françaises sont créées, Tavel (Vallée du Rhône) est la première à présenter uniquement des vins rosés !
Le vin rosé aujourd’hui
En 1990, 11% des vins consommés étaient rosés. En 2010, d’après FranceAgriMer, c’était 25% ! Et la tendance se confirme depuis. Les grands groupes viticoles rachètent tous des vignes en Provence, sans compter toutes les stars américaines allant de Georges Lucas et son château Margüi à l’ancien couple Brad Pitt et Angelina Joli, dont le domaine Miraval pose beaucoup de problèmes lors du divorce.
Voilà pour le côté économique. Mais faisons un petit crochet par l’aspect définition du vin rosé.
Tu n’es pas sans savoir que la région de prédilection pour la production de vin rosé est notre chère Provence ! C’est la première région productrice au monde, en volumes comme en valeurs. Ils sont tellement attachés à leur position de leader et d’innovateurs qu’ils ont créé un Observatoire Mondial du Rosé pour étudier le marché et les solutions nouvelles.
Mais il existe aussi un Centre du Rosé qui a carrément développé un nuancier de couleurs pour les vins rosés de Provence !
Rentrons dans le vif du sujet et abordons maintenant l’aspect technique.
? Les différents types de vinification rosé
Tu ne le savais peut-être pas, mais les vins rosés peuvent être produits de différentes manières.
Afin de rendre les choses plus claires, voici un visuel fait maison pour mieux comprendre le processus de vinification du rosé ! ?
Schéma de la vinification simplifiée d’un vin rosé (rosé de presse)
Je tiens à ajouter une chose : on précise ici qu’il s’agit de raisins noirs lors des vendanges. Il est possible, bien que plutôt rare, de mélanger raisins noirs et blancs pour produire un rosé. Mais cela reste restreint.
? 1. La vinification rosé de presse (schéma)
Comme on vient de le dire, il existe plusieurs méthodes de vinification rosé. Il s’agit ici de la plus répandue : le rosé de presse.
? En quelques mots, on utilise la même méthode que pour un vin blanc mais avec des raisins noirs. Le très court temps de contact entre le jus et les peaux, entre les étapes de foulage et de pressurage, va donc donner une légère teinte rose à notre jus avant qu’il ne débute sa fermentation alcoolique.
? Concrètement, ce sont les vins rosés les plus clairs, aux arômes floraux ainsi qu’exotiques marqués. Ce sont souvent les vins les plus abordables. Exemple, cette bouteille de rosé en AOC Côteaux d’Aix-en-Provence 11€.
Source : Le Chant des Caves
? 2. La vinification rosé de macération
⭐ Une autre technique de vinification rosé, appelée le rosé de macération, consiste à réaliser la même chose que dans le schéma précédent avec pour majeure différence le temps de contact entre les peaux et le jus.
Là où la première technique va directement presser le jus pour limiter ce contact, le rosé de macération va justement rajouter une étape de “macération” pour prolonger ce temps de contact (entre 2h et 15h voire plus) entre jus et peaux de raisins.
Ainsi, on se retrouve avec un vin avec une couleur prononcée, toujours dans les roses mais surtout avec plus de structure et d’arômes.
? Concrètement, ce sont des vins avec une couleur plus soutenue, tirant vers le orange ou le framboise intense mais avec toujours une grande limpidité. Les arômes sont plus puissants et plus orientés vers des fruits bien mûrs avec parfois une trame tannique plus marquée. Exemple, cette bouteille AOC Côtes du Rhône 11€, en macération de Grenache Noir, Syrah et Viognier.
Source : iDealwine
?3. La vinification rosé de saignée
⭐ Enfin, la dernière technique, appelée “le vin de saignée”, consiste à utiliser le poids des raisins pour agir comme pressoir. Ainsi, lorsqu’on débute la vinification d’un vin rouge, on va récolter le jus qui va “s’auto-presser” sous le poids des raisins, produisant ainsi le sang de la cuvée, chargé d’arômes et de couleur.
On a donc un extrait de vin rouge qui donne un excellent vin rosé, souvent destiné à un élevage plus long et recherché que pour un rosé de consommation rapide.
? Exemple de rosé de saignée : les rosés des Riceys ! Tu ne connais pas ? Pourtant tu connais très bien la région d’origine ! Les Rosés des Riceys font partie des quelques AOC existant dans la région Champagne. C’est un très bon exemple de vin pouvant être produit par saignée. Tout comme certains Champagne rosés, eux aussi pouvant être issus de saignée.
? Concrètement, ce sont donc les vins les plus travaillés et les plus recherchés ! Des arômes de fruits mûrs, une bouche ample et charnue, des notes d’évolution grâce à l’élevage et le vieillissement. On les retrouve également en effervescent comme cette bouteille de Champagne rosé de saignée 29,50€ !
Source : iDealwine
? Un rosé gastronomique ?
Que l’on aime ou pas les rosés, il faut se mettre d’accord sur une chose : tous les rosés ne se valent pas ! Alors oui, je l’avoue, c’est un sacré jugement de valeur que je fais là ! ?
? Je m’explique. Aujourd’hui, l’écrasante majorité des vins rosés produits et consommés sont pensés pour être bus dans l’année. C’est d’ailleurs un souci auquel font face les cavistes : faire comprendre au consommateur qu’un rosé peut vieillir !
Et c’est grâce aux rosés gastronomiques qu’ils peuvent faire changer les regards !
? Bien que la définition d’un rosé gastronomique dépende de chacun, globalement on peut se mettre d’accord sur le fait que ces vins ont besoin d’un plat travaillé pour se dévoiler.
Mais pour créer une réelle différence entre le vin de soif, à boire très frais sous le soleil, et le vin rosé gastronomique à boire à table, il faut une chose : de l’élevage. ?
En effet, la principale différence entre un rosé de consommation rapide et un rosé de garde sera son élevage. Le fait d’ajouter quelques semaines ou mois en fût va permettre au vin de mieux pouvoir se révéler. Cela lui donnera aussi plus de caractère, plus de corps. Tout ce qu’il faut pour nécessiter une association à un plat. ?
Cet élevage aura un effet concret sur le vin : modifier sa couleur, sa trame aromatique, son équilibre et lui donner plus de corps ! Bien qu’il serait possible de boire ce vin seul, il n’en sera que meilleur accompagné du bon plat ! ?
? Exemple : cette bouteille de Tavel 2021 du négociant Michel Chapoutier, 12,50€ !
Source : Vinatis
? Conclusion
Ce qu’il faut retenir de ces 3 styles de vin rosé, c’est qu’il existe différents styles de fabrication du vin rosé ! Que l’on parle de rosé de presse, de macération ou de saignée, tu n’auras probablement pas la même chose dans ton verre. ?
Chacune avec ses avantages et inconvénients mais surtout, il faut retenir que tous les rosés ne sont pas bons à noyer dans les glaçons (chose que l’on fait avec un vin médiocre pour cacher son manque d’équilibre ou d’arômes ?).
Bonne journée à toi, bonne dégustation et surtout, on ne met plus de glaçons dans le verre désormais ! ?
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Originaire d’Albi, près de Gaillac, d’une mère Albigeoise et d’un père Aveyronais, j’ai grandi nourrit d’un terroir riche et gourmand.
Épicurien et amoureux de fromage et de vin, fin 2019 l’idée de concevoir mon propre vin et fromage germe dans mon esprit. Issu d’une formation Ingénieur, j’ai créé en 2020 La Petite Cave en parallèle de mes projets entrepreneuriaux.
Depuis 2020, je suis membre de l’Union Vigneronne Vals d’Oise et de Seine (UVVOS) qui rassemble les vignes et vignerons de toute l’Ile De France.
La Petite Cave est un blog qui combine passion pour l’oenologie et plaisir du challenge !